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Rromophobie, stéréotypes et déni d’identité dans les milieux académiques

In Analyses on février 17, 2011 at 23:33

Par Sarah Carmona

 

J’ai été aujourd’hui invité à participer à ce séminaire pour vous parler de l’anti tsiganisme et de la xénophobie anti rrom en Europe. C’est un large programme qui, je vous l’avoue, n’est en rien mon thème de prédilection, du moins en tant que chercheur et universitaire. Si le racisme est une réalité mordante et destructrice, une réalité qui a pu être la mienne directement ou pas, c’est en lui-même un thème que je me refuse de creuser quant à un descriptif de ses manifestations (je ne suis ni sociologue, ni anthropologue, ni socio psychologue). Je pourrais m’y intéresser d’un point de vue historiographique mais quant je m’y suis attelée cela à toujours été pour servir une autre cause.

Au risque de vous choquer, si je ne suis en rien une théoricienne des manifestations d’anti tsiganisme en Europe, c’est d’abord par principe. Attention, l’anti tsiganisme existe et ceci à tous les niveaux dans la rue comme dans les sphères intellectuelles. Et j’ai la certitude que, tous les jours un Rrom meurt du fait de son appartenance ethnique (aux mains d’un neo nazi, dans l’incendie d’un terrain, dans un hôpital pour ne pas avoir été traité correctement, dans un camp de refugiés contaminé du Kosovo, de l’héroïne dans un bidonville de Madrid, ou de ses propres mains comme c’est le cas en ce moment en Angleterre). Mais si je vous parle de principe, donc, c’est parce que, en tant qu’historienne je suis consciente du danger que suppose le fait de n’être qu’un « homo victimus ».

Comme vous le savez, le racisme est un monstre aux multiples visages et je me cantonnerais donc à vous parler de celui que je côtois tous les jours en tant qu’historienne, d’une manifestation savante du racisme qui est d’autant plus pernicieuse qu’elle ne sens pas vraiment le souffre, ne porte pas de botte para militaires, ne profèrent pas d’injures directes mais qui n’en est pas moins mortifère, si ce n’est bien plus. J’évoquerai donc très succinctement comment une certaine étude de l’histoire et de la culture rrom peut avoir des conséquences désastreuses sur la perception que l’on a de celui-ci ainsi que dans son auto identification même. Je tenterai donc de vous expliquer comment une la lecture ou plutôt l’interprétation institutionnalisée (un déni de voir, de vérité ou d’ouverture) de notre histoire, notre culture et notre cosmogonie peut être l’instrument et/ou la conséquence de l’anti tsiganisme intellectuel.

Afin de mieux comprendre quel est l’enjeu des sciences sociales, de l’histoire, et de sa diffusion dans le contexte rrom, ne perdez jamais d’esprit que les canaux de diffusion du savoir scolaire, académique pour les Rroms en Europe sont très limités et que l’éducation, le matériel même, l’essence, la matrice de la connaissance n’est pas aux mains de ses sujets (les Rroms et ses nombreux pédagogues) mais dans celles d’institutions européennes, qui depuis maintenant plus de deux générations conçoivent, dessinent la manière et les contenus du savoir pour les Rroms.  Le peuple Rrom est, en un sens, le seul en Europe à ne pas pouvoir disposer de soi même. Si l’école assoie les bases du système cognitif de l’élève, celui-ci se trouve donc entre les mains d’un nombre réduit de personne assis dans des bureaux strasbourgeois, qui sont malheureusement bien ignorants du sentir rromani. Imaginez un instant que les programmes scolaires français soient élaborés par des commissions d’éducation américaines…

J’essayerai donc de vous faire comprendre comment une histoire lue/pensée/ réfléchie, intentionnellement ou non depuis le prisme du stéréotype peut avoir un effet désastreux tant sur le propre objet de réflexion (dans ce cas le peuple Rrom) comme sur la société majoritaire. Pour cela nous travaillerons sur deux stéréotypes basiques transmit par l’historiographie et les « Rromologues  » en général et qui ont intégré l’imaginaire de la société majoritaire jusqu’à s’immiscer dans la propre perception que les Rroms ont d’eux même.

1-Le premier est l’image du Rrom et de son peuple comme « fils du vent ».

2-Le second est celui du Rrom comme individualité appartenant à groupe social et non pas à un peuple.

Ces deux présupposés qui dans le fond sont très différents (dans leur conception de ce qu’est un Rrom), le premier étant la conséquence d’une vision romantique, le second d’un déni d’identité, en un relent négationniste nous proposent une interprétation totalement erronée d’un matériel historique concret, existant.  Cependant, ils ont les mêmes effets et conséquences sur l’écriture de l’histoire rrom et sa compréhension. A l’image de ces trois petits singes japonais, l’un sourd, l’autre aveugle et le dernier muet, il semblerait que les chercheurs (ou pseudo chercheurs) fassent fi d’une série d’indices qui iraient contre leurs théories. Enfin, nous verrons concrètement comment ses erreurs/manipulations/interprétations/aveuglement ont des conséquences concrètes sur le peuple rrom, son affirmation, et son émancipation (il faut comprendre ici émancipation comme un affranchissement et non pas comme un développement, j’ai souvent entendu cette traduction lors de conférence sur les rroms ce qui est assez significatif de l’état d’esprit de certain).

Ces messages ont donc des conséquences sur le rapport que nous avons avec notre propre identité, de ce que nous sommes et de comment nous nous percevons, c’est ce qui s’appelle en psychologie sociale le syndrome de Pygmalion. Ils ont également des conséquences sur notre « mémoire historique » qu’elle soit individuelle ou sociétale, ainsi que sur notre « construction identitaire nationale », en d’autres thermes, sur notre réveil politique.

Ces lectures erronées, orientées s’attaquent donc à l’individualité, au groupe (l’ « endaya » en rromani) et au supra national rongeant ainsi, comme un virus,  l’encrage du peuple, c’est-à-dire son histoire et son idiosyncrasie.

La mémoire est orientée, mise sur rails. L’histoire est racontée, imposée. Elle n’est pas passée sous le crible du discours critique. Elle sert un but, une idéologie ; ou quant elle est dépourvue de mauvaise intention, elle est ethnocentriste, « gadji-centriste » donc erronée.

Il est vrai que l’une des grandes difficultés de l’historien consiste à faire gage de neutralité, d’aborder un discours critique sur le passé. Etre historien c’est d’abord opérer une reconstruction des faits et des événements qui se sont déroulés, visant à un examen contextuel et une interprétation de ces derniers. Bien évidement, l’interprétation se fait toujours depuis une certaine subjectivité, celle de l’individu, de son bagage. Mais il faut avoir une attitude consciente, une objectivité maximale. L’objectivité absolue n’existe pas mais une série de condition à l’étude de l’histoire est nécessaire et basique et peut être résumée en ces quelques mots : contextualisation, historicisme, comparaison, et conceptualisation. Ce qui n’est absolument pas présent des l’historiographie du domaine rromani. On dirait quelques fois que dans le domaine de la recherche en études rromani, l’amateurisme est de mise.  Le manque d’excellence semble permis, comme si d’une faveur il s’agissait ou bien comme si la matière ne méritait même pas l’exigence de l’éthique professionnelle. Le « rromologue » a toujours eu droit à la médiocrité ou à outre passer, à faire fis des règles les plus élémentaires en matière de professionnalisme scientifique.

L’histoire ne peut donc pas se réduire à une activité narratrice unique, participant de ce fait d’une élaboration subjective et imaginative et pourtant c’est souvent le cas dans la sphère de l’historiographie rromanie. Il ne s’agit pas de dire une vérité, la vérité absolue n’existe pas en histoire, ce n’est pas de la géométrie, mais de d’éviter les lectures épistémologiquement fausse.

Prenons par exemple mon champ de travail. Actuellement, je travaille sur l’histoire militaire des Rroms. Cela vous étonne n’est ce pas. N’y a-t-il pas une chose plus incongrue que celle-ci ? Etudiez l’histoire militaire de ce peuple pacifiste, qui sur des chemins de campagne, cheveux au vent, s’occupaient de leurs chevaux, faisait de la vannerie, affutait leurs couteaux tout juste forgés sur les pierres des rives de ruisseaux d’eau claire, en fredonnant des airs qui faisaient « tiriquitran tran tran » !

J’ai une autre version, si vous le voulez, celle qui correspond au deuxième stéréotype…comment, ce groupe de cas sociaux qui ne connait ni Dieu ni Maitre qui n’a aucun sens de la rigueur, dépourvu de conscience politique ni même de valeur, ni ne constitue un peuple car ils n’ont pas de mémoire ni de véritable langue, ces rebuts de la société…peuvent ils avoir une histoire militaire ?!

Et bien oui, et depuis le début. Depuis l’Inde jusqu’au conflit les plus récents. Cette histoire militaire  peut d’ailleurs en quelque sorte constituer un marqueur identitaire de ce peuple. Je peux vous donner quelques dizaines de références d’archives nationales, municipales française, espagnoles, hollandaises, allemandes, italiennes et autres qui illustrent mon propos durant la fin du bas moyen âge, la renaissance et l’époque moderne. Sans parler bien avant, des chroniques orientales (ghaznavide, turc, arménienne…). On pourrait également citer des éléments linguistiques. En rromani, de nombreux mots appartenant au champ lexical des activités militaires sont d’origines sanskrites et perses, des éléments anthropologiques ou culturels. Nos métiers traditionnels, tel que la forge, le maquignonnage, la musique, ne peuvent ils pas être compris comme des réminiscences de ces savoirs faire caractéristiques et inhérents au bon fonctionnement des armées d’époque médiévale et moderne ? Il me faut d’ailleurs souligner que je n’ai pas trouvé ces documents d’archives, la plupart était déjà référenciée par des historiens de renom, piliers de l’historiographie rromani (Bataillard, Vaux de Foletier, Soulis, Sanchez Ortega, Gomez Alfaro…). Je n’ai plus eu qu’à tisser des liens.

Pourquoi donc nier ses connections logiques, louper l’indice qui ramène à la source d’un savoir et à une proposition critique ? Quelles auraient été les conséquences d’une interprétation critique de l’histoire au travers de ces sources ? Elle aurait été toute autre. Plus stimulante, plus nuancée et peut être même plus juste. Pourquoi ne pas s’attarder sur le bagage militaire légué par les Rajputs au Proto Rroms,  les Ghulams des armées ghaznavides, les les esclaves militaires et mercenaires des armées seldjoukides. En Europe, les troupes de bohémiens conduites tantôt par des ducs et des contes tantôt par des capitaines étaient demandées connues pour leurs aptitudes à la guerre et nombre de documents d’archives attestent de la participation des Rroms aux guerres du moment.

En France par exemple (mais vous pouvez appliquer ce phénomène à toute le continent européen), entre le début du XVI ème et la première moitié du XVII ème, les Rroms français, les « compagnies bohémiennes », participent de « l’entreprise de guerre » par le service des armes et le patronage royal et seigneurial, à une époque où le roi comme la noblesse tentaient par tous les moyens de recruter et de fixer leurs armées. A partir du règne de François I jusqu’à celui de Henri IV mais également pendant les troubles de la Frondes, les « Compagnies de Bohesmes » furent agrégées aux armées par licences du roi ou d’autres autorités. Je vous citerai quelques noms afin de « mettre en chair » ces oubliés : le capitaine La Chesnaye, Charles Dodo, le Capitaine la Gallére, François Roverle, le capitaine Robert, el capitan Quiros, les Frères Losada, les familles Berenguer et Noguera….

Les Rroms n’ont pas été systématiquement persécutés comme des « mauvais pauvres par les Etats européens. Ces compagnies pouvaient assurer directement le service du roi et Henri IV remercia le capitaine Charles d’avoir envoyés 400 Egyptiens au siège de St Jean d’Angély. Ces compagnies étaient également recrutées par les seigneurs pour des raisons politiques ou fiscales. Les Rroms demeurèrent fidèles à leur protecteur noble ou au roi. Leurs réseaux familiaux étaient en quelque sorte calés sur les alliances lignagères de leurs protecteurs. Il est d’ailleurs facile de remarquer comment nombre d’édits royaux et autres prises de position officielles contre les Rroms en Europe ont pour réelle intention de déstabiliser ses compagnies militaires à des moments où ces forces mercenaires pourraient porter préjudices au monarque.

Il en fut de même en Espagne où de la Reconquête chrétienne jusqu’au Guerre de Flandres, de succession, en Italie, aux Pays Bas, en Allemagne, ect

Comme le souligne très justement Emmanuel Filhol, « s’il est vrai que les Rroms furent poursuivis sans relâche quand les prescriptions monarchiques ont disposé du soutien des parlements et de la diligence des magistrats, ils ont été aussi appelés, protégés, leurs enfants parrainés par la plus haute noblesse du temps. Au tournant du XVII ème, cette connivence fut mise à mal par le repli des autonomies seigneuriales et la fin des troubles civils, mais elle avait suffisamment infiltré le système esthétique de la civilisation baroque pour perdurer tout au long su XVIII siècle et au-delà »

Une multitude de documents, archives et autres attestent de cette situation : laisser passer avec autorisation de port d’armes, des remerciements, des exemptions de limitation des décrets en vigueur contre les rroms, ect…

Pourquoi ne pas parler d’événements plus récents comme la participation dans la Résistance de Rroms, Gitans, Manouches sur tous les fronts contre le nazisme ou la dictature franquiste que ce soit en France, en Espagne, en Russie, en Ex Yougoslavie, en Pologne, au Pays Bas ? La documentation est là, et dans les cas les plus contemporains les acteurs même encore vivant.

Comme vous le savez surement, la cristallisation politique d’une identité nationale requiert plusieurs ingrédients mais sans aucun doute ses axiomes fondamentaux sont la langue et l’histoire. Toute deux sont fondamentales, tant pour celui qui en est au cœur comme pour celui qui, à l’extérieur le contemple et lui donne une légitimité de fait. Si toute nation est une élaboration imaginaire, sa langue, son histoire, une construction, il en est ainsi pour toutes les nations politiquement et institutionnellement auto proclamées puis reconnues. La nation rromani, dans son acceptation politique, comme peuple sans territoire compact ou peuple trans national, connait depuis maintenant ( 3 générations),  plus d’un demi siècle un processus de cristallisation politique. Le Rromanipen (le sentiment d’appartenance au peuple rrom, un peuple riche de sa pluralité, sans aucun doute celui qui se doit de mieux comprendre ce que signifie l’unité dans la diversité ou la diversité comme harmonie) s’ancre dans le politique. Il transpose ce sentiment rromani aux besoins de la conceptualisation gadjikani et politique  de toute revendication nationale. Ce qui était de l’ordre de la connaissance, d’un sentir plus ou moins clair et formulé emprunts de nombreux éléments intuitifs mais fondamentaux pour ce peuple se formulent et se conceptualise en termes politiques contemporains.

L’objet de mon intervention n’étant pas l’émergence ou le développement du nationalisme politique rrom, je ne m’attarderai pas mais il est cependant important d’en souligner la principale caractéristique, son caractère transfrontalier donc original pour une conception classique et archétypale de l’émergence des nationalismes. Le terreau nécessaire à l’émergence des nationalismes modernes et contemporains n’est en rien celui de la réalité rromani. En effet, il faut un certain nombre d’ingrédients en présence pour que germe la graine du nationalisme. Pour n’en citer que quelques un, il faut  que s’opère un déclin de la conception d’une langue/écriture comprise comme un instrument de connaissance d’une vérité ontologique (latin, Arabe). Il faut que cesse la conviction que la société est organisée autour et ou en dessous d’un centre éminent (souverain ou autre), Il faut que le peuple se démarque d’une conception de temporalité dans laquelle cosmogonie et histoire se confondent. A cela doivent s’ajouter un changement économique, des découvertes scientifiques ainsi que l’avènement d’un puissant vecteur de communication.  Or le rapport du peuple rrom avec sa langue et avec son histoire  n’est en rien religieux. Sa société est holistique (On ne peut comprendre la nation rrom que si la considère et l’appréhende dans son ensemble. Et il n’y a pas d’entité supérieure humaine qui détermine la réalité du peuple).

Il est donc évident que le modèle euro centriste du XVIIIème siècle ainsi que ses dérivés colonialistes et post colonialiste ne peuvent en rien être appliqué à l’émergence du nationalisme rrom. Cependant, le dédain ou la condescendance (dans le meilleur des cas) avec lesquels est comprise l’émergence d’un nationalisme politique rrom est une autre marque de tsiganophobie du fait de l’incapacité ou du  manque de   volonté à faire face à une autre réalité, à une altérité conceptuelle depuis une tout autre perspective.

L’histoire comme la politique et plus généralement les sciences sociales écrites depuis cette perspectives gadjikani-centristes ont façonné une image du peuple Rrom qui, premièrement n’est pas la bonne (car elle n’est ni critique et très ethnocentriste), deuxièmement a eu l’effet pervers d’être assimilé par les propres rroms. En guise d’exemple, il suffira de mentionner deux de ces assimilations. La première, dans un contexte purement français, met en cause la dénomination administrative de « gens du voyage » qui a été totalement digéré et assimilé par les Rroms français. Un classement administratif a pris le dessus sur l’appartenance ethnique. Le nom d’un peuple s’est vu substitué par une catégorisation arbitraire.

Le deuxième cas d’assimilation d’une erreur d’interprétation de l’histoire par les propres Rroms est celle de  la facilité avec laquelle ces derniers expliquent les persécutions qu’ils ont subi et l’anti tsiganisme actuel, faisant montre d’un déterminisme affligeant invoquant le caractère pacifiste, presque naturel de leur histoire et culture. Contre vérité désastreuse, comme nous l’avons mentionné ultérieurement et diffusée par l’historiographie.

Le rapport que les Rroms intellectuels ont à la mémoire est malheureusement également influencé par une interprétation et une diffusion normative de l‘histoire et la culture rromani imposées par la société majoritaire. Il faut cependant reconnaitre que depuis près d’une 15 d’années maintenant, les intellectuels et chercheurs rroms se sont emparés de l’écriture de l’histoire de leur peuple. Cependant, cet événement  décisif est apparu au même moment où c’est fait prépondérante la conception d’une histoire mémorielle et non plus critique. Malheureusement, cette pensée globale de l’histoire a fait glisser cet élan vers les pentes infructueuses voir dangereuses d’une écriture de l’histoire souffrante et mémorielle.

En effet, la souffrance instaure des victimes et être victime se constitue facilement en une posture morale réconfortante. Peu à peu, le risque s’installe de créer une identité fondée sur la « victimité ». Et c’est l’avènement du dolorisme. La mémoire de la souffrance se tisse et s’impose à l’histoire. L’émotion prime sur la compréhension. Les souffrances deviennent des liens, des ciments identitaires. La souffrance devient édifiante et prends le dessus sur les éléments fondamentaux qui constituent l’idiosyncrasie du peuple. Les Rroms ne sont plus que l’objet de persécutions historiques et même lorsqu’une approche positive des Rroms, dans les médias par exemple, est proposée, la référence à « l’histoire lacrymale » se doit d’être mentionnée.

Dans le cas des Juifs par exemple, il existe une histoire souffrante traditionnelle (célébration du jour des lamentations et des pleurs, cérémonies, prières et poèmes qui mettent en lien de manière transhistorique les persécutions passées). Cette « histoire souffrante traditionnelle et l’histoire lacrymale qui la prolonge ont créé la condition d’une mémoire victimaire »[2]. Dans ce cas, comme pour les Rroms, l’absence d’une véritable histoire écrite a joué un rôle déterminant dans la monopolisation par la mémoire de l’histoire souffrante. Cependant, la réalité rromani n’est pas tout à fait la même car il n’existe pas d’histoire souffrante traditionnelle de la portée et de l’ampleur de celle des Juifs. Dans le cas rromani, les bases de cette histoire lacrymale ont été posées par les « romologues » et autres spécialistes de la culture et de l’histoire rromani. Cette histoire souffrante traditionnelle est une élaboration. Elle est exogène et n’est pas portée par la culture et le système de transmission des Rroms. Mais à force de rabâchage elle a été assimilé, accepté, faite sienne par l’ensemble des Rroms et parfois même par ses élites, ayant par la même un effet néfaste sur l’interprétation de l’histoire d’une part et sur la compréhension de la place du Rrom dans la société de l’autre.

Enfermer les Rroms et le peuple rromani dans ce regard victimaire les met en dehors de l’histoire, en font des archétypes de victime. Ce positionnement est une négation de leur essence, de leur rôle d’acteur de l’histoire et de leur participation positive à la civilisation. Le pathos domine la connaissance. Et c’est d’histoire dont a besoin un peuple et non d’émotions souvent furtives, exigeant sans cesse d’être renouvelées avec toujours plus d’intensité.

L’histoire des Rroms presque millénaire se résume à une série de persécutions, chacun les siennes selon les pays d’origine, persécutions qui trouvent leur climax avec le génocide perpétué par les nazis. Toute l’histoire d’un peuple semble se résumer à cela ne laissant pas la place à un discours plus nuancé. Rroms et gadjé n’accèdent à la connaissance du peuple rromani que par l’intermédiaire des persécutions, de l’esclavage et du génocide plutôt que par leur longue présence sur le continent et leurs contributions encore de nos jours à la vie de leurs pays respectifs et de l’Europe dans son ensemble.

N’est ce pas là la pire des ignominies, la meilleure manière d’anéantir un peuple, le culturocide moderne ?

 

Paris, 14 février 2011

 

Voynet veut contrôler les naissances dans son « village d’insertion » reportage Dimanche+

In Uncategorized on février 16, 2011 at 13:09

« On va mettre pour tout le monde sur le camp une consultation sur la contraception. Parce que si..  Je sais pas comment vous faîtes hein ? Les enfants, y en a tous les mois qui naissent sur le camps. Il fait froid, faut se réchauffer ! » Dominique Voynet.

Quand la gauche utilise les moyens de la droite et le discours de l’extrême.

Le reportage de Dimanche+ commence ainsi : « Dans les trois mois la moitié de ces implantations sauvages auront disparu du territoire français », c’était la déclaration exterminatrice du chef de l’état, Sarkozy !

D’après Médecin du Monde, on n’a fait que déplacer le problème 1, ce qui a pour conséquence directe un suivi médical quasi impossible, et des scolarisations temporaires ou impossibles.

Comment peut-on défendre l’intégration des populations d’un côté, défendre l’enfance et la scolarisation de tous et, de l’autre, ne pas hésiter à évacuer les habitations des familles sur des terrains où elles se sont aménagé un abri ?

Comme ces familles des trottoirs de Montreuil indésirables, évacuées, que la police a pourchassé hors du territoire montreuillois… ou celles « trimballées » qui ont réussi à rester dans la commune… Voilà le sort de beaucoup de familles Rroms dans le 93 et ailleurs.

Dans ce reportage, diffusé sur Canal+ dimanche dernier, on voit la maire de Montreuil-sous-Bois faire la visite de son patrimoine. Reportage bien préparé, pas de mauvaise surprise sur la route.

Madame Voynet n’a aucun problème moral à mettre en avant sa politique de quota ethnique en présentant un camp géré par la municipalité, ces fameux « villages d’insertion » qui permettent de parquer des familles sur critères ethniques !

« C’est pas mal installé, y a de l’éclairage, de l’électricité, de l’eau, des toilettes, les conditions de bases sont à peu près correctes. »

On nous montre un immense parking type super-marché, sans un brin de verdure, ni même un seul arbre… Cela décevra les écologistes de voir cette installation bitumée qui n’a rien d’exemplaire ou d’innovant du point de vue écologique…Mais la maire de Montreuil préfère expulser les installations des rroms aux murs à pêche pour y faire son village écologique…

Ici, sur ce parking, les places sont limitées au point que les naissances ne semblent pas être de bon augure pour madame la Maire : «  Vous êtes jeunes mariés ! Vous êtes jeunes mariés… ( elle n’écoute pas la réponse de l’homme qui lui répond : ca fait déjà environ huit ans) On va mettre pour tout le monde sur le camp une consultation sur la contraception (rires des accompagnateurs) parce que si… Je sais pas comment vous faîtes hein ? Les enfants, y en a tous les mois qui naissent sur le camps. Il fait froid, faut se réchauffer ! »

Que la mairie de Montreuil s’engage à faciliter l’accès aux soins en général pour les familles Rroms, aux planning familiaux qui sont des lieux ressources d’utilité public, et où la contraception est un des thèmes importants abordés, mais pas uniquement, qu’il y ait des consultations médicales, gynécologique au besoin, serait une action utile et nécessaire. Mais, sous entendre qu’il y aurait un taux de natalité trop élevé justifiant les pires thèses d’extrême droite… Sans se demander si ces naissances sont souhaitées ! Cela relève de quoi ?

Puis on la suit pour la visite d’un terrain rue de Rosny (aux murs à pêche) pour lequel elle a demandé l’évacuation des occupants. L’accueil n’y est pas très chaleureux et pour cause, les familles ont été traumatisées par les multiples passages de la police et des hommes de la « Tranquillité publique montreuilloise » – brigade municipale bien connue pour ses évacuations musclées de roms –, et qui n’ont pas hésité à enfoncer les portes des baraques.

Quand un de ses acolytes lui signale qu’il ne reste pas grand monde, elle s’en félicite.

Car comme le révèle l’introduction du reportage, « il reste environ 3500 familles Rroms installées en Seine Saint-Denis» soulignant l’objectif principal d’en limiter le nombre, à Montreuil, comme ailleurs. Les méthodes sont les mêmes : démantèlement des camps, poursuites judiciaires (desquelles la Mairie de Montreuil a été déboutée), chasse aux Rroms vivant à la rue au cours des mois octobre 2010 :

Tandis que la police ordonnait aux familles sans abri de dégager immédiatement le trottoir, le responsable de l’opération d’évacuation urgente précisait qu’il avait l’ordre de les poursuivre indéfiniment, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus sur le territoire de la ville de Montreuil-sous-Bois.

Mme Voynet n’a pas honte de montrer du doigt « le caca humain », ni les déchets qui s’éparpillent effectivement, faute d’avoir un ramassage municipal des ordures ici aussi. En effet, un logis quel qu’il soit de la cabane de fortune à la maison de luxe, nécessite des toilettes. Mais qui pousse ces gens à vivre dans de telles conditions ? Qui les exclut ? Qui les oblige à se cacher pour vivre ? Qui nie leur dignité ?

Elle invite les autres communes a « prendre leur part de responsabilité » comme elle, pour l’installation de « villages d’insertions ». Mais osera-t-elle répondre aux objections des soutiens aux familles Rroms, par ailleurs écologistes ?

Enfin, comme pour signer la décadence morale de cette élue, elle nous livre son sentiment à vocation électorale, pour culpabiliser davantage ces individus qu’elle a assigné au tribunal.

Elle ose leur faire porter le chapeau de son irresponsabilité : elle dit qu’à cause de “ça” ( le bidonville, les Rroms, le caca, les sanitaires non installées, les errements d’une population constamment menacées d’expulsions), elle risque de perdre les élections municipales, et qu’après son mandat ce sera sans doute encore plus dur, « ce sera encore plus violent que vous ne pouvez l’imaginer ». Elle n’a pas honte de leur expliquer qu’elle risque de ne pas être réélue, ignorant des siècles d’histoire qui lient la ville de Montreuil et l’accueil des Rroms.

Pour voir l’émission : http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/pid3354-dimanche.html?vid=424627

(Deuxième partie de l’émission, à partir de 13 minute 50)

[collectif contre la xénophobie d’état.]

1 Avis partagé dans la Une du quotidien du jour Aujourd’hui en France « Rroms : 7 mois après rien n’est réglé ».

 

Ci-dessous une parodie du journal municipal de Montreuil.

Envoyé par un correspondant montreuillois

La France refuse d’abroger les titres de circulations et le Parlement européen reconnaît le génocide des tsiganes

In Uncategorized on février 3, 2011 at 09:01

Flash infos tsiganes du 1er février 2011

(Supplément des Dépêches tsiganes)

Contact, tél. : 03.88.00.71.73 ou 06.43.75.60.37
Vous pouvez  retrouver ces informations et des documents sur : http://depechestsiganes.blogspot.com/, outil des journalistes bénévoles des Dépêches tsiganes.

À noter :
Voici une journée riche en actualité. Tandis que se déroulaient en Allemagne et en Pologne des cérémonies en l’honneur des victimes de l’holocauste et que se prépare au Parlement européen une commémoration du génocide des tsiganes, en France l’assemblée nationale se prononçait contre l’abolition des titres de circulation tout en envisageant de reprendre ultérieurement cette question avec l’ensemble des lois concernant les titres de circulation.
Lisez : les titres de circulations resteront en vigueur encore un moment et le Parlement européen reconnaît le génocide des tsiganes. Sur le front du logement la fondation Abbé Pierre publiait son rapport annuel sur « le mal logement ». www.fondation-abbe-pierre.fr/

Depuis le dernier flash, la vie ne s’est pas arrêtée. Plusieurs évènements se sont déroulés autour des terrains et dans les cours de justice.

Lisez « à suivre sur le terrain ».

Ne manquez pas non plus la revue de presse sur le blog des Dépêches tsiganes.
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À suivre… dans la fabrique des lois et des politiques publiques

France
Les titres de circulation resteront en vigueur encore un moment

207 voix pou, 289 contre, c’est par ce score que le 1er février, l’assemblée nationale a rejeté  la proposition de loi pour mettre fin au traitement discriminatoire des gens du voyage, portée par le groupe PS et Gauche démocrate. Les groupes UMP et Nouveau centre se sont opposés à cette demande d’abolition de la loi de 1969 dans l’attente d’une révision de l’ensemble des lois de 2000 et de 1969. Didier Quentin a avancé une nouvelle date pour la remise du rapport de la mission qu’il préside sur l’accueil et l’habitat, soit le 9 mars. Pour sa part, le sénateur Hérisson espère rendre ses préconisations dans le courant du mois de février.

Pour en savoir plus :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/fin_discrimination_gens_voyage.asp

Bientôt les Dépêches tsiganes et la Gazette des communes publieront une enquête sur l’usage des titres de circulations dans les collectivités territoriales avec des témoignages de policiers municipaux, de gardes champêtres, de gestionnaires d’aires d’accueils.
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Europe
Le parlement européen reconnaît symboliquement le génocide des tsiganes

Le 2 février le parlement européen ne se prononcera pas sur la question posée par une trentaine de députés au sujet d’une éventuelle reconnaissance du génocide tsigane (voir le texte de la question dans les documents à la fin de ce flash), mais  célèbrera l’évènement de manière solennelle. Une cérémonie accompagnée de déclarations des groupes ouvrira la session du parlement.

Question à Catherine Grèze, députée européenne à l’initiative de cette démarche

Dépêches tsiganes : Pourquoi, bien avant que le discours de Grenoble du président de la république Française et les polémiques aux sujets des Roms et des gens du voyage aient focalisé les attentions vous êtes vous investie sur ce dossier ?

Catherine Grèze : Afin de créer une prise de conscience et de changer les regards sur les tsiganes. En reconnaissant de manière solennelle que les tsiganes ont été aussi victimes du génocide nous qui représentons les peuples européens, nous affirmons qu’ils sont une composante de nos nations.
En mars dernier les problèmes de la réadmission des Roms au Kosovo préoccupaient les députés du groupe Europe écologie. A cette occasion j’ai rencontré Thomas Hammarberg, commissaire aux droits de l’homme. La situation dramatique des Roms au Kosovo n’est pas nouvelle et régulièrement dans la plus part des Etats européens nous devons faire face à des vagues de rejets plus ou moins violents à l’égare des tsiganes. Dans ma propre région une famille de gens du voyage parfaitement intégrée dans la vie associative, sportive, économique et politique risque d’être expulsée de sa priorité parce que les services de l’Etat ne conçoivent pas que l’on puisse être gens du voyage et agriculteur. ! Avec cet exemple, Nous sommes encore loin des degrés de violences qui peuvent être atteints en Italie ou en Hongrie où se déroulent de véritables pogromes contre des tsiganes. Nous nous sommes donc mobilisées avec des femmes élues de différents Etats et tous les groupes politiques sauf l’extrème droite pour demander la reconnaissance du génocide.
Propos recueillis par O.B.

Dates clefs :
9 mars : Rencontre avec Mr Hammarberg
8 avril : deuxième Sommet européen sur les Roms
11 mai : Conférence sur le génocide tsigane
27 août : Interpellation de la commission européenne au sujet de la France
30 août : déclaration écrite en opposition au retour forcé de Roms mineurs vers le Kosovo
15 décembre : question orale au parlement Conseil sur la reconnaissance du génocide

À suivre…. sur le terrain

France

Les aires d’accueil et les terrains du jour

Puget (Var)
Stationnement par défaut

Constatant que le terrain de grand passage est inutilisable du fait « que des personnes qui ne voyagent pas ont été entassées là des de mauvaises conditions », affirme Milo Delage, un groupe de 20 familles s’est installé sur un parking privé. Des accords ont été trouvés pour une halte d’une semaine avec l’entreprise propriétaire et la commune qui a installé des branchements sécurisés et des compteurs pour les fluides.
OB
info communiquée par France Liberté voyage et confirmée par la commune
Pour en savoir plus : http://www.varmatin.com édition de Fréjus
Nancy
Un tarif d’hiver pour les aires d’accueil

La communauté urbaine du Grand Nancy a voté le principe d’une baisse du prix de journée en période hivernale sur les 78 places de ses deux aires d’accueil. Durant cette période le tarif passera de 3 à 2€ hors les fluides. La collectivité qui gère ses équipements en direct, estime qu’en hiver une journée de stationnement coûte avec l’électricité en moyenne 9€/ jour à l’usager  soit 270 € par mois contre 6 €/jour soit 180 € par mois hors période de chauffe. À ces équivalents de loyers, les usagers doivent rajouter les traites de la caravane au moyen de préts à la consommation et les assurances. La communauté urbaine du grand Nancy constate en outre des problèmes de gel des canalisations d’eau par grand froid.
OB

Bar sur Aube
Service médical d’urgence (Smur) ou Aire d’accueil faut-il choisir ?

Selon l’Est éclair une polémique a éclaté lors du conseil municipal de Bar-sur-Aube au sujet du projet de l’aire d’accueil de 20 places projetée depuis 2003. L’opposition municipale demande l’arrêt de l’opération afin de faire pression sur l’État qui projette de supprimer le service médical d’urgence local (SMUR). La majorité refuse de lier les deux questions et argumente autour de 15 000 € que risquerait de couter un nouveau retard. En 2003 l’aire d’accueil était estimée à 150 000 €. Elle est évaluée aujourd’hui à 950 000 € dont 650 000 à la charge de la commune.
Pour en savoir plus : http://www.lest-eclair.fr

Langueux (22)
Les enfants du voyage sauveront-ils l’école ?

Selon le télégramme.com, les parents d’élèves de l’école des Grèves à Langueux ont manifestés vendredi 28 contre la fermeture de classes. Ils demandent à ce que les enfants de l’aire d’accueil soient scolarisés dans les écoles voisines et non dans des établissements d’autres communes.
Pour en savoir plus : http://www.Saint-brieuc.letelegramme.com

Europe

Jurisprudence du jour
La preuve de la situation illégale d’un citoyen européen incombe à l’État

Dans son arrêt N°09VE01515 du 30 décembre 2010, la cour administrative d’appel de Versailles a annulé un arrêté d’obligation de quitter le territoire adressé, par le préfet du Val d’oise  à un citoyen Roumain sans avoir apporté la preuve de sa présence sur le territoire depuis plus de 3 mois.

Texte cités : directive 2004/38/CE
Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile
Loi n°79-587 du 11 juillet 1979
Loi n°91-647 du 10 juillrt 1991
Loi n°2000-321 du 12 avril 2000
Code de justice administrative

Néanmoins une simple déclaration hors de la présence d’un interprète peut constituer une preuve

Dans une affaire semblable s’appuyant sur les mêmes textes la même cour a considéré, le 14 décembre que même lorsque la qualité d’une personne enregistrant une déclaration hors de la présence d’un interprète n’était pas établie, celle-ci pouvait être considérée comme une preuve par la préfecture. De fait il revient alors au juge d’estimer qui a dit la vérité.

Cour administrative d’appel de Versailles
N° 10VE01177

Document du flash infos du 1/02/2011 :

Parlement européen
Question avec demande de réponse orale au Conseil
O-0213/2010

Article 115 du règlement
Catherine Grèze
Kinga Göncz, Cornelia Ernst, Lívia Járóka, Renate Weber, Alexander Alvaro, Catherine Bearder, Izaskun Bilbao Barandica, Lothar Bisky, Eva-Britt Svensson, Leonidas Donskis, Isabelle Durant, Ioan Enciu, Monika Flašíková Beňová, Thomas Händel, Rebecca Harms, Heidi Hautala, Stephen Hughes, Sophia in ‘t Veld, Andrey Kovatchev, Jean Lambert, Ulrike Lunacek, Monica Luisa Macovei, Claude Moraes, Mariya Nedelcheva, Nadezhda Neynsky, Rovana Plumb, Raül Romeva i Rueda, Jutta Steinruck, Hannes Swoboda, Csaba Sándor Tabajdi, Hannu Takkula, Rui Tavares, László Tőkés, Kyriacos Triantaphyllides, Lambert van Nistelrooij, Gianni Vattimo, Marie-Christine Vergiat, Cecilia Wikström, Gabriele Zimmer

Objet :         Reconnaissance par l’Union européenne du génocide tsigane pendant la Deuxième Guerre mondiale

Des membres de la communauté Rom et des gens du voyage souffrent de discrimination et d’exclusion dans toute l’Europe: régulièrement, ils sont la cible de propos et d’attaques racistes, de harcèlement de la part des forces de police, et se voient refuser leurs droits fondamentaux de citoyens. La discrimination dont ils sont victimes se retrouve dans toutes les sphères de leur quotidien, principalement dans le domaine de l’éducation, de l’emploi, du logement et des soins de santé.

La méconnaissance de l’histoire des tsiganes par la majorité de la société explique pour une large part les préjugés dont font l’objet les tsiganes et constitue également un obstacle à leur intégration au sein de l’Union européenne.

Bien peu savent qu’au cours de la Deuxième Guerre mondiale, à l’instar des Juifs, les membres de la communauté rom ont été opprimés par le régime nazi pour des motifs d’ordre racial; des dizaines de milliers de tsiganes ont été assassinés dans les territoires occupés de l’Est et des milliers d’entre eux ont été tués dans des camps d’extermination. Dans l’Europe occupée, même si le sort des tsiganes variait d’un pays à l’autre, ils ont été soumis à la persécution.

Certains États membres de l’Union, telle l’Allemagne en 1982, ont déjà reconnu le génocide tsigane durant la Deuxième Guerre mondiale. Un geste identique de la part de l’Union européenne représenterait un événement historique pour les membres de la communauté rom et des gens du voyage et pour l’Europe.

Le 27 janvier 2011, des commémorations auront lieu à l’occasion de l’anniversaire de la libération d’Auschwitz. Cet événement est une occasion historique de rappeler aux citoyens européens les horreurs de l’Holocauste vis-à-vis de toutes les victimes du régime nazi.

Le Conseil n’estime-t-il pas que les tsiganes ont le droit d’obtenir la reconnaissance par l’Union européenne d’un passé commun mouvementé ? Quelles sont les mesures prévues par le Conseil pour forger une meilleure compréhension, parmi les citoyens européens, de l’histoire qu’ils partagent avec les tsiganes ?

[Source : les Dépêches tsiganes]

Bonne nouvelle: le délibéré du 04 février: pas d’expulsiuon

In Uncategorized on février 2, 2011 at 12:13

Extrait du communiqué de presse de la mairie de Montreuil, le 27 janvier,
veille du procès concernant l’expulsion demandé par la mairie des familles
Rroms
de la rue de Rosny:

« La politique de la ville est claire et repose sur un double aspect : la promotion
d’une véritable politique de solidarité dans laquelle chacun prend ses responsabilités,
mais aussi le refus que se constituent où que ce soit des bidonvilles.

En conséquence elle a fait savoir son opposition résolue à l’occupation du
terrain de la rue de Rosny, qui risquait par ailleurs de s’étendre à toute la zone des
murs à pêches… [ zone immobilière de grand importance pour la ville de Montreuil ]

Sa responsabilité civile et pénale étant engagée en cas de drame, et comme elle
y est d’ailleurs légalement contrainte face à de tels dangers, elle a donc lancé une
procédure visant à y mettre fin. [On expulse toujours des Rroms pour leur propre sécurité]

Parallèlement, elle a entrepris le dégagement par des moyens lourds des
déchets présents sur le site, évalués à ce jour à plusieurs dizaines de tonnes, et cela
pour réduire au maximum les risques de toute nature qu’ils engendrent. [Les familles ont commencées a largement dégagées à la main le terrain]

Afin que les personnes présentes ne soient pas à nouveau plongées dans une
situation d’errance, Dominique Voynet a demandé à l’Etat, dans une lettre adressée
au Préfet, de prendre en charge pour elles la recherche d’un autre terrain.

Lors de l’audience du 28 janvier qui examinera l’affaire, la municipalité
demandera au tribunal qu’il charge l’Etat, co-responsable de leur situation actuelle,
de trouver pour les occupants une solution alternative et durable de stationnement.

Fidèle à ses principes, elle confirmera sa disponibilité pour donner à quelques
familles un délai supplémentaire de maintien dans les lieux, dans le seul cas où une
association montreuilloise en prendrait explicitement la responsabilité, sur la base
d’une convention temporaire à signer avec la ville. »

Nous apprenions par ailleurs que les familles encore présentent sur le terrain, s’étaient attelées au grand nettoyage du terrain, motivées par des associations, comme un gage de leur « bonne conduite »et de leur volonté à rester là… Rappelons que le retrait des ordures ménagères incombe aux municipalités.

Le 04 février, le tribunal a refusé d’expulser les familles. Et certaines associations discuteraient donc d’une convention temporaire avec la mairie, comme annoncé dans son communiqué de presse. Espéront que ce projet puisse voir le jour après une si longue bataille… On ne peut que leur souhaiter bonne chance et bon courage,  tout en n’oubliant pas les familles qui apeurées par les pratiques municipales et préfectorales seront parties avant, sans bénéficier de ce généreux projet.

A suivre.

Collectif contre la xénophobie d’Etat.