Ci-dessous un témoignage du Collectif Pied de biche et barricades relatant la Chasse à l’homme perpétrée par la police nationale puis municipale à vaise contre des familles « rroms »expulsées sans le recours d’un huissier ni même d’un procès, puis harcelées afin que personne ne puissent poser ses bagages – son corps- nulle part… cela nous rappelle la chasse de montreuil par la police nationale, les voitures de police suivant les familles pas à pas, ne leur laissant aucun répis.
Puis pour compléter le tableau du « Grand Lyon » nous reproduisons un article de Lucie Branchard publié sur le site lyon capitale qui décrit la politique locale d’expulsion sans passer par des tribunaux… une nouvelle mode ? l’utilisation d’arrêtés préfectoraux ou municipaux pour contourner la loi, et chasser les habitants des terrains sans états d’âme biensûr. De souligner l’irrégularité du procédé n’enlève en rien le fait que si ces procédés devenaient légaux ils n’en demeureraient pas moins illégitimes de chasser des personnes sans abris, que la collectivité ne met pas à l’abris et en plus organise à grand frais leur expulsion… ce que nous dénoncions déjà lors du passage de la lopsi II*( voir en bas de page ) en 2010-2011.
Lyon: Expulsion et harcèlement à Vaise, l’humiliation ordinaire
Ce mercredi 27 août, la préfecture ordonne l’expulsion du camp Gare de Vaise occupé depuis 5 mois
par plusieurs familles. Elles sont 9 ce jour à être « dégagées » ; soit une trentaine de personnes
dont des personnes malades, des enfants, des nourrissons. Rien de bien nouveau.
Les familles n’avaient pas été prévenues de l’expulsion et étaient en dialogue avec la mairie du 9ème.
Le propriétaire n’avait pas demandé l’expulsion des familles.
Mais les flics n’ étant pas sous les ordres du maire, celui-ci n’a pas été averti.
Mercredi 27 août
Les sbires de l’états n’ont laissé que cinq minutes aux familles pour récupérer leurs affaires
avant de saisir et détruire ce que cinq mois de vies ont permis de construire ; maisons, toilettes, quelques
perspectives et espoirs, et pour les plus jeunes, sûrement un monde. Une voiture a été saisie et
immédiatement envoyée à la casse, les engins de chantier ont réduit cinq mois de vie
en un amas de planches brisées au milieu desquelles ont voit objets, jouets, vaisselle…
Sous les yeux des familles. Les familles se sont donc « réfugiées » dans un parc proche du Pathé de Vaise.
Les kisdé, les ont suivies et dégagées une nouvelle fois.
19h/ Les familles se sont réfugiées dans un ancien parking désaffecté, un toit mais pas de murs pour dormir.
Les bleus sont déjà là . Deux voitures de la BAC et deux camions de la nationale.
Ils regardent les familles assises sur leurs valises et ballots de vêtements.
Les rares échanges se font de leur côté, gazeuze et flashball à la main,
alors qu’on leur demande simplement si on va pouvoir dormir ici ou non.
Humiliation ordinaire, même tristement banale dans un pays raciste comme la France.
22h/ Les keufs partent sans rien dire.
Jeudi 28
7h20 Le terrain est cerné par les CRS. Nous sortons à deux. Direct, on nous demande nos papiers.
Nous faisons demi-tour. « Ah ! Ils sont là les Rroms, et y’a l’odeur avec ». Ils nous suivent.
« Sors tes mains des poches enculé ! » et coup de matraque dans les mains.
« On va faire comme avec les algériens ! »(rires).
Un jeune prend un coup de matraque dans les côtes gratuitement.
Un peu plus tard, ils essayent de se faire passer
pour autre chose que le bras droit armés de l’état, en conseillant aux familles d’aller trouver abri au centre
d’hébergement d’urgence occupé de Frédéric Faÿs expulsable lundi 1er septembre et déjà plein.
Les flics, nous dégagent sous la menace des coups.
9h/ Nous nous retrouvons à nouveau dans le parc à côté du Pathé, trèsrapidement une patrouille
de la municipale arrive « alertée » par des riverains. Les familles ne pourront pas rester sur place ;
pourtant l’écriteau «parc public interdit aux Rroms » n’a pas encore été installé !?
La discussion tourne rapidement au pitoyable, quand le petit chef de la brigade explique que
les Rroms ne sont pas victimes de racisme, que lui oui l’a été dans les années 80,
90 en tant que jeune originaire du Maghreb, qu’ eux ne le sont pas, que c’est normal et que
« le jour où ils arriveront à garder un terrain propre, là, ils seront peut-être acceptés ».
Alors qu’obtenir des bacs de poubelles pour un terrain occupé est une bataille.
Cet ignorant n’a pas dû connaître les bidonvilles de France des années coloniales et des
décennies suivantes où ce n’était pas les Rroms qui étaient, harcelés, humiliés, battus et expulsés.
Certains diront : « normal c’est un flic ». Il n’est en réalité qu’un raciste de plus parmi toutes
les communautés de France où le racisme anti-Rrom se répand et devient consensuel.
Le racisme d’État et ses relais médiatiques fonctionnent bien sur les rouages huilés d’une histoire
où la division des opprimés est un enjeu national. Où l’alimentation des guerres internes
aux communautés et entre communautés est nécessaire au maintien de l’ordre.
Les plus précaires sont les nouveaux bouc-émissaires pour que la solidarité ne se développe pas et pour que des
opprimés puissent avoir une cible facile pour déverser la rancœur accumulée de vies d’aliénation et d’humiliation.
La nuit, alors que les familles s’organisent pour rentrer s’abriter dans une maison abandonnée,
les porcs reviennent et les suivent dans leurs déplacements. Elles sont donc obligées de rester dehors
toute la nuit. Elles quittent Vaise tôt le matin pour l’autre bout de la ville. La traque et le harcèlement sont
les méthodes utilisées habituellement pour ne laisser aucun répit aux familles expulsées.
Certains ont dit trouver ça irréel, la réalité est là, bien en-dessous des voiles des existences artificielles,
en dessous du confort même précaire, la réalité est celle-là froide comme ces nuits sans toit,
dure comme leurs matraques et puante comme leur « belle érection » lorsqu’on
leur demande ce que ça leur fait d’avoir gazé un nourrisson.
Cette réalité n’est pas celle des lardus mais celle de l’ordre des choses qu’ils défendent.
Collectif Pied de Biche et Barricades.
Contact : piedebichetbarricade (arobase) riseup.net
Publié le 5 septembre 2014 sur Rebellyon
http://rebellyon.info/Expulsion-et-harcelement-a-Vaise-l.html
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Bron : les Roms devant la mairie, la police intervient
Publié le 08/08/2014 à 10:50 actualisé le 12 août à 11h30)
Pour cause d’insécurité, le préfet délégué à la défense et à la sécurité, a décidé d’expulser le camp de Roms situé derrière l’hôpital femme-mère-enfant (HFME), près du périphérique, à Bron. 120 personnes se retrouvent ainsi à la rue, elles sont regroupées devant l’hôtel-de-ville depuis ce matin, « la police nationale va intervenir » nous dit-on à la mairie. Le camp lui est bouclé. Il sera détruit dans la journée. (article actualisé le 12 août à 11h30)
Le désarroi des associations de défense des Roms étaient palpable ce matin. Elles s’émeuvent de l’expulsion, « en plein été et dans l’indifférence générale« , du troisième plus important bidonville de l’agglomération, celui de l’Hôpital Est, situé en bordure du périphérique Laurent Bonnevay, derrière l’Hôtel Ibis et l’hôpital Femme mère enfant (HFME) à Bron. En effet, sans attendre la décision du juge de Grande instance mise en délibérée au 5 septembre concernant ce camp, le préfet délégué à la défense et à la sécurité, Stéphane Rouvet, a pris un arrêté, il y trois jours, informant ses occupants qu’ils avaient 48 heures pour quitter les lieux.
« La proximité de l’hôpital et de ses installations électriques, ainsi que celle du périphérique » l’auraient décidé à agir. Mais pour le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), cet arrêté est « infondé » dans la mesure où « les raisons invoquées aujourd’hui sont les même qu’hier car si le camps est dangereux aujourd’hui, il l’était aussi il y a deux mois. Pourquoi dès lors expulser seulement aujourd’hui ?« . Son représentant estime que le préfet « contourne le tribunal« , il cite « un courrier envoyé le 4 juin »dans lequel « la préfecture a incité le propriétaire, Total, à agir en justice pour faire expulser le terrain, le menaçant d’une certaine responsabilité en cas d’accident. Pour autant, le préfet n’a pas attendu le résultat du jugement mis en délibéré au 5 septembre pour agir. C’est incompréhensible ! « , réagit l’association.
Devant la mairie « avec leurs chariots de supermarchés et toutes leurs affaires »
Et ce matin, selon plusieurs sources concordantes, « la police nationale était sur place« . « Le camp a été complément bouclé », et « la bretelle d’accès au périphérique a été coupée à la circulation ». Le camp sera vraisemblablement détruit dans la journée. Les 120 personnes occupantes se sont regroupées devant la mairie, « avec leurs chariots de supermarché et toutes leurs affaires. La police nationale va intervenir« , nous dit-on à la mairie.
Selon nos informations, la majorité des 120 habitants du bidonville ont quitté le camp hier pour ne pas avoir à faire aux forces de l’ordre. Elles ont dormi dehors et se préparent à passer la prochaine nuit de la même façon, à la recherche d’un nouveau terrain ou d’un nouveau squat dans l’agglomération, alors que Météo France annonce de violents orages demain sur la région. Reste trois autres camps de Roms dans le Grand Lyon, celui de rue Faysse à Villeurbanne, dans l’ancien Village mobile ouvert au moment du plan froid, le second à Vaulx-en-Velin et le dernier à la Feyssine. Les deux premiers sont concernés par des décisions de justice et devraient être maintenus au moins jusqu’en septembre.
Par Lucie Blanchard
Source: sur Lyon capitale
L’article 90, de la LOPSI II introduit par un amendement du gouvernement adopté par la commission des lois du sénat, puis voté par le sénat le 10 septembre 2010, créait une procédure d’exception, à l’initiative du préfet et en l’absence du juge pour expulser les habitants installés de manière « illicite ». si la procédure contradictoire était prévue dans les textes, elle était néanmoins compromise, et le texte voté par le parlement prévoyait également la destruction des biens, ainsi qu’une amende de 3 750 euros pour le propriétaire du terrain, public ou privé, qui s’opposerait à ces procédures. ces dispositions ont été invalidées par le conseil constitutionnel, car ne respectant pas les équilibres nécessaires entre deux principes constitutionnels, celui de la nécessité de sauvegarder l’ordre public et les autres droits et libertés, notamment des personnes défavorisées et ne disposant pas d’un logement décent.