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CRÉTEIL : Les Roms du carrefour Pompadour évacués

In Uncategorized on novembre 4, 2010 at 11:18

Ils étaient une cinquantaine à vivre dans un campement de fortune près de laD6 depuis sept mois. Ils ont été chassés par les forces de police hier.

Placés là comme un voile pudique, dix cars de gendarmes s’alignaient, pare-chocs contre pare-chocs, hier matin le long de la D 6, près du carrefour Pompadour à Créteil. Derrière ce rideau bleu, à l’abri du regard des automobilistes, les forces de police délogeaient cinquante Roms de leur village clandestin niché entre la D 6, une bretelle de l’A 86 et l’usine d’incinération.

Ils vivaient là depuis sept mois, cachés par de hauts buissons, le charivari routier et les fumées de l’usine. Le 26 octobre, la justice a ordonné leur délogement.

Les membres du comité de soutien en assistance

Hier matin, vers 8 heures, les policiers sont arrivés. Les membres du comité de soutien étaient déjà là depuis deux heures. Dans le calme, les familles roms ont reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Elles ont un mois pour se plier à cette décision et rentrer en Roumanie. Mais hier, l’urgence était ailleurs : il fallait leur trouver un toit. « Avec le 115 et le concours du conseil général, nous cherchons des hôtels, en priorité pour les familles qui ont des enfants en bas âge et des femmes enceintes, détaillait Laurent Godin, membre du comité de soutien. Pour les autres, rien n’est certain. »
De part et d’autre de l’entrée du camp, sur le trottoir, les familles patientaient, les bras chargés de sacs et de couvertures. Certains traînaient des chariots qui débordaient de ballots. « Apparemment, ils ont de la chance, car d’habitude, ils ne peuvent emporter que des bagages à main, note Laurent Godin. Mais ils ont dû laisser du mobilier, des matelas et des vélos sur place. Ils ne les récupéreront jamais. »
Si tout le monde salue le calme dans lequel l’opération se déroule, tristesse et colère demeurent. « C’est indigne », lâche Laurent Godin.

« C’est n’importe quoi ! » ajoute un passant, bloqué par un cordon de CRS. Le curé de la paroisse de Notre-Dame de Créteil est au diapason : « Je suis venu de mon propre chef, précise le père Gilles Godlewski. Je trouve ça pitoyable et scandaleux. »
Tout au long de la journée, les membres du comité de soutien ont travaillé d’arrache-pied, en collaboration avec le 115, pour trouver des relogements.
En début de soirée, quarante-deux Roms avaient un toit pour les prochaines nuits dans des hôtels de Paris, Saint-Maur, Saint-Maurice, Villepinte (Seine-Saint-Denis) et dans l’Essonne. Une dizaine d’adultes risquent de dormir dehors. Comme Youlia, 19 ans, enceinte de sept mois : « On m’a proposé un hôtel, admet la jeune femme, mais je ne veux pas être séparée de ma famille et de ma grand-mère, alors je ne vais pas accepter. » Dans l’après-midi, il n’y avait plus âme qui vive dans le campement. Les engins de chantier pouvaient faire table rase.

[Source : Le Parisien]

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