L’association Ecodrom 93 nous a fait parvenir copie d’une lettre adressée à la mairie de Montreuil dans l’espoir qu’elle s’écarte de la politique strictement raciste qu’elle met en œuvre vis-à-vis des roms, imposant un quota de « 350 et pas un de plus », et pourchassant les autres avec la plus extrême détermination et la complicité de l’inqualifiable Préfet Lambert.
Les termes « diplomatiques » de ce courrier nous interdisent de le signer (on ne peut exprimer sa reconnaissance à des gens qui vous chassent avec une si constante ignominie), mais nous le reproduisons ci-dessous en raison de l’urgence qu’il signale du risque d’expulsion pour des gens qui ont réussi à se faire un abri aux bords des murs à pêche et qui risque d’en être privés du fait de l’action publique en plein hiver !
Rappelons que la mairie de Montreuil, tout comme celle de Paris et bien d’autres, est directement propriétaire d’un nombre non négligeable de bâtiments vides qu’il ne lui coûterait rien de laisser occuper par les sans-abri, qu’ils soient roms, érythréens, afghans ou auvergnats.
Quant aux murs à pêches, c’est un lieu traditionnel d’implantation rom, et les autorités municipales et préfectorales seraient bien inspirées de respecter au moins ça. Si la Mairie écologiste de Montreuil a de vastes projets d’urbanisme écolo, grand bien lui fasse. Elle gagnerait toutefois à intégrer dans son dispositif un concept dont Dominique Voynet s’est longtemps faite l’apôtre : l’écologie politique.
L’écologie, c’est fait pour que les humains puissent vivre en harmonie avec la nature. L’écologie politique suggère qu’il importe aussi qu’ils vivent en harmonie entre eux. La première des écologies, c’est l’anti-racisme. Et le plus beau des quartiers écologiques intégrerait sans problème des villages tziganes – de ces roms qui pourraient même s’employer à entretenir les fameuses cultures de pêches que la mairie rêve de ressusciter.
Malheureusement, très loin de toute écologie politique ou pas, et encore plus loin d’un quelconque anti-racisme, Montreuil, comme Paris et bien d’autres, ne s’intéresse qu’à la très suspecte spéculation immobilière qu’elle organise. Ce n’est certes pas le chemin d’une solution.
En attendant, qu’on foute paix aux roms de la rue de Rosny serait la moindre des choses. Et s’ils étaient expulsés, ils n’auraient rien de mieux à faire que d’occuper le très joli bâtiment de la Mairie dont tout le monde connait le chemin.
Madame la Maire,
Un espoir très grand s’est installé lorsque vous avez été élue Maire de Montreuil, et que vous avez prononcé un moratoire sur toutes les expulsions !
En outre, vous avez assuré à 350 Roms que non seulement, ils ne seraient plus expulsés, mais qu’ils seraient logés et pourraient obtenir un travail dans un temps plus ou moins éloigné !
En fait, votre souhait est que ces Roms deviennent des citoyens à part entière !
Malgré les difficultés, votre projet d’aide à un certain nombre de Roms poursuit sa route. Nous vous en sommes particulièrement reconnaissants.
Mais faut-il en rester là ? Pour quelles raisons faudrait-il limiter
votre engagement à seulement 350 Roms alors que d’autres qui vivent aujourd’hui dans notre commune se trouvent sous la menace d’une expulsion ?
Nous vous rappelons que cet été (25 août 2010), la municipalité en collaboration avec des citoyens, a élaboré une Plateforme unitaire de solidarité et de protection des Roms, écrite en protestation contre la politique de l’État qui a monté d’un cran sa politique xénophobe à l’égard des Roms et des Gens du voyage. [Rappelons ici que le Collectif contre la xénophobie avait refusé de signer cet appel, considérant que l’absence totale d’engagements et nombre d’ambiguïtés qu’il contenait ne présageaient rien de bon. Ainsi qu’on a abondamment pu le vérifier depuis.]
Nous nous adressons aujourd’hui à vous, Madame la Maire, au sujet d’un camp de Roms qui se trouve rue de Rosny. Ses occupants ont reçu des OQTF en grand nombre. Nous avons appris qu’ils risquaient d’être expulsés de ce lieu, en janvier prochain, c’est à dire en plein hiver ! Ils occupent actuellement des parcelles des murs à pêches, et un projet de nettoyage et d’enlèvement des ordures se met en place.
Ces Roms que nous connaissons, sont prêts à travailler pour assainir le terrain et à prêter main forte au nettoyage prévu.
De plus, les liens que nous avons noués avec eux depuis de longs mois, nous permettent d’affirmer qu’ils sont réellement favorables à l’idée de s’impliquer dans un projet d’agriculture qui pourrait se faire autour de leur campement. Rappelons que sous Ceausescu, les Roms étaient employés en tant qu’ouvriers agricoles et cultivaient la terre.
Ils contribueraient donc à mettre en œuvre le projet d’avenir qu’est le projet agriculturel des murs à pêches. Soutenus et guidés par des personnes compétentes, ils apporteraient une aide appréciable à cette réalisation !
Nous vous demandons instamment, Madame la Maire, de ne pas apporter votre caution à l’expulsion de ces populations.
1) pour des raisons humaines
2) parce que le programme politique conduit par les Verts est inspiré par des valeurs humanitaires.
3) parce que nous vous proposons un projet d’adaptation de ces populations que nous vous demandons instamment de faire examiner en Conseil Municipal.
En vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez à notre demande, nous vous prions Madame la Maire, de recevoir l’expression de nos sentiments respectueux.
Premiers signataires : Jeanne Studer, Colette Lepage, Thérèse Leprêtre, Sylvie Rabie, Joe Rabie, Léa Longeot, Magali Fricaudet, Sylvain Tama, Gaëlle Creach, Danielle Jonckers
Association Ecodrom93
http://www.ecodrom.org/