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Sud-Ouest : évacuation nocturne de 53 roms

In Revue de presse on août 21, 2010 at 16:26

Les engins de travaux publics et une société de dépannage automobile ont investi, hier matin, le petit terrain situé dans une zone boisée de la commune de Dompierre-sur-Mer (près de La Rochelle). Il s’agissait de débarrasser le site, propriété du Conseil général de Charente-Maritime, de la quinzaine de caravanes déglinguées et de quelques automobiles hors d’usage.

Là, une cinquantaine de Roumains, de la communauté rom avaient, depuis novembre dernier, élu résidence dans des conditions de vie extrêmement précaires. L’occupation du lieu était illégale mais tolérée. Les services sociaux ne se préoccupaient guère de ces personnes. À minuit, avant-hier, hommes, femmes et enfants prenaient place dans un bus affrété par l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Direction Roissy-Charles-de-Gaulle pour un aller simple à destination de Timisoara, en Roumanie.

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Destin scellé par Sarkozy

Besson veut limiter le retours des Roms
Au premier jour d’une série d’expulsions de Roms vers leur pays, Éric Besson a profité de son passage à Washington pour évoquer de prochains aménagements de lois afin de lutter contre l’abus de droit au court séjour. Le ministre a déclaré avoir « des pistes » mais ne pas pouvoir en parler, évoquant « une ou deux réunions avec le président de la République et le Premier ministre ». Des rencontres prévues pour créer un certain nombre d’amendements au projet de loi sur l’immigration soumis en septembre à l’Assemblée nationale. Car si une cinquantaine de camps illégaux ont été démantelés et les Roms expulsés, au nom de la libre circulation en Europe, rien n’empêche qu’ils reviennent en France. Alors, pour éviter ces allers-retours, Éric Besson a assuré que le gouvernement allait « adapter la législation ». Concrètement, Roumains et Bulgares peuvent entrer en France et y rester trois mois sans formalité particulière. Toutefois, « les États membres peuvent restreindre la liberté de circulation pour des raisons d’ordre public, de sécurité publique ou de santé publique ». C’est d’ailleurs dans ce cadre que la France a renvoyé hier et avant-hier plus de 215 Roms en Roumanie.

Ces 53 personnes, comme d’autres, donnent corps à l’intervention du président de la République qui, fin juillet, pointait du doigt cette communauté installée en petits groupes sur le territoire national.

À Dompierre-sur-Mer, le sort des Roms était scellé, même si aucun n’était en situation irrégulière. Le scénario d’une évacuation avec « départ volontaire » et dispositif de « retour humanitaire » se profilait depuis début août.

Les Roms n’avaient aucune carte en main. Jeudi, la partie se joua donc sans incident entre 23 heures et minuit, les Roms ayant été dûment avertis du timing de l’opération. Placée sous la direction de la préfecture, y participaient une demi-douzaine de gendarmes, une trentaine de gardes mobiles et quelques sapeurs-pompiers. Pour prévenir tout risque d’accident, l’axe routier passant devant le camp avait été coupé aux deux extrémités par les services du Conseil général. Il s’agissait aussi, dans cette opération nocturne, de « dissuader les curieux et les journalistes de s’approcher ». Cela ne fut pas dit officiellement aux derniers intéressés.

« Il y a eu une concertation avec les Roms », assurait Julien Charles, le secrétaire général de la préfecture présent sur place. Refusant de parler d’« expulsions », il est dans la même ligne que le ministre de l’Immigration, Éric Besson, qui bannit le mot « rafle ». Détaillant l’aide financière (300 euros par adulte Rom et 100 euros par enfant), le secrétaire général précisait que « 58 personnes de ce camp sont concernées ; 5 sont déjà parties en voiture ». Chaque candidat « volontaire » au départ avait été, les jours précédents, préalablement identifié.

La petite communauté, qui oscillait entre résignation et excitation, s’approchait alors du bus Le Basque Bondissant, baigné dans la lumière d’un projecteur des pompiers. Souriants malgré tout, tirés à quatre épingles à la mesure de leurs pauvres moyens, ils démontraient de façon pacifique leur dignité en pareille situation. Chacun prit place, ayant préalablement mis en soute ses 20 kilos de bagages réglementaires. Le voyage de plus de sept heures se fera en compagnie de Sylvana Maurade et de son adjoint, de l’Office français de l’immigration et de l’intégration.

« Les Roms auront juste un peu de repos avant d’aller dans la salle d’embarquement » , expliquait un gendarme. Un témoin de l’opération relevait la contradiction d’une Europe où la libre circulation des hommes est relative, sans pour autant discuter la politique de l’État français. Il trouvait cependant «étonnant, voire malsain, qu’une telle évacuation se fasse de nuit ».

Quelques heures avant l’épisode du bus, dans le camp de misère, des hommes avaient exprimé leur désarroi. « On n’a pas le choix. On ne peut pas s’opposer à ce qu’ils nous fassent partir. En Roumanie, on n’a pas d’avenir. » Certains annonçaient qu’ils reviendraient en France. Un jeune lâchait : « Je préfère tenter ma chance à Londres. »

Le bus n’avait pas démarré qu’une autre phase de l’opération « retour humanitaire » s’engageait. Les gardes mobiles, après avoir quadrillé la zone boisée, investissaient le camp. Sans ménagement, ils fouillaient chaque abri, jusqu’à soulever les matelas, vérifiant qu’aucun Rom n’était resté sur le site, échappant par on ne sait quelle malignité à l’appel de son nom.

[Source : Sud-Ouest, 21 août 2010]

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Une cinquantaine de CRS dans le camp de Roms de Triel-sur-Seine

In Revue de presse on août 20, 2010 at 17:14

L’échéance d’une expulsion se rapproche pour le camp de Roms implanté à Triel-sur-Seine. Hier matin, les obligations qui résultent de leur situation ont été signifiées aux occupants.

«Les gens du camp ont eu très peur en voyant le dispositif. Beaucoup de femmes et d’enfants pleuraient. » Michel Mallet, membre du collectif de soutien aux Roms de Triel-sur-Seine, était présent hier matin à 7 h 30, lorsqu’une cinquantaine de CRS et des agents de procédure sont arrivés sur place pour notifier aux occupants leurs différentes situations et les obligations légales qui en résultent.

« Depuis le passage de la police la semaine dernière pour relever toutes les identités, le collectif organise des présences de nuit sur le camp. C’était ma première veille », explique le militant. Cette opération fait suite au passage de la police nationale le 12 août pour « procéder à l’examen individuel de la situation des 37 adultes et de leur famille », comme on le précise du côté de la sous-préfecture de Saint-Germain-en-Laye.

Pour Philippe Court, sous-préfet, la situation est sans ambiguïté : « Je l’ai toujours dit, ce camp n’a pas vocation à perdurer. Les familles qui s’y trouvent sont, pour la plupart, dans une double illégalité. D’abord, elles occupent un terrain privé, et les propriétaires ont le droit de le récupérer. Ensuite, la majorité de ces familles est en situation irrégulière et ne peut pas rester sur le territoire français. » Pour les trois familles qui sont en situation régulière, l’état a d’ores et déjà réservé des nuits d’hôtel dans les communes avoisinantes pour « quelques jours ».

Cette solution se transformera progressivement en logements dans des centres d’hébergement social pendant plusieurs mois avant « une solution de logement pérenne ». Pour les autres cas, environ 16 familles, Philippe Court rappelle que « l’offre d’aide financière au retour volontaire est toujours valable », même si pour l’heure aucun Rom ne l’a encore acceptée. Cette aide financière est d’environ 300 € par adulte et 100 € par enfant.

Il reste que, lors de cette opération, 11 personnes demeurent introuvables. Sur le camp, on explique que certains hommes, afin d’éviter le regroupement de leur famille en vue du départ lors de l’évacuation du camp, partent se cacher dans les champs pour y dormir.

Des Roms à Lyon : « Comme vous, nous sommes européens »/ Rue 89

In Revue de presse on août 19, 2010 at 21:14

Après les annonces gouvernementales visant à démanteler 300 camps illégaux, le camp de Roms de la rue Paul Bert, dans le IIIe arrondissement de Lyon, vit dans la crainte. Ses habitants ne veulent pas retourner en Roumanie, un pays qu’ils ont fui et que les plus jeunes n’ont jamais connu.

Le camp vit dans l’attente d’une décision du tribunal administratif attendue le 7 septembre. Le terrain où ils sont installés appartient en effet au conseil général et à Réseau ferré de France, lesquels ont déposé plainte pour « occupation illégale ». C’est que le département du Rhône, présidé par le ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire Michel Mercier, aimerait y implanter son nouveau bâtiment des archives.

« On n’a pas le choix »

Par ici, il n’y a aucune chance d’apercevoir de grosses cylindrées. L’ambiance est, au contraire, à la précarité la plus extrême. « On n’a pas le choix » , martèle Mircea, notre guide dans le camp. Les murs et le sol de la petite centaine de cabanes du camp sont faits de palettes récupérées par dessus lesquelles une bâche fait office de toit. Chaque habitation fait environ 5 m2 et abrite deux à cinq personnes.

Il est difficile d’estimer combien ils sont à vivre dans le camp. La popote est faite à même le sol, les mères lavent leurs enfants dans des poubelles de bureau. Le tout baigne dans un océan de déchets dont les habitants ne savent que faire. Un véritable nid à rats.

« Une assistante sociale passe toutes les semaines pour venir voir les enfants », nous explique Mircea. En constatant la porosité des « logements », on imagine sans mal que l’hiver doit être dur, notamment pour les enfants en bas âge.

Avec Sarkozy, « pas de liberté, pas d’égalité, ni de fraternité »

La journée, une partie du camp se disperse dans la ville pour récupérer auprès des passants quelques sous. « 10 euros par jour, pour la famille, ça va , affirme Mircea qui vend des journaux de rue. Si j’en vends quatre ou cinq, c’est bon pour les enfants. On n’a pas cette chance en Roumanie », soupire-t-il.

Beaucoup font la manche. Quand bien même ils trouvent un petit boulot dans le nettoyage, le jardinage ou bien dans le bâtiment, la préfecture ne leur délivre jamais d’autorisation. « On n’a pas le choix ».

Les Roms, pourtant ressortissants européens, sont en effet soumis à des règles d’exception pour pouvoir travailler. « Pourquoi, lorsque je suis allé à la préfecture avec un contrat de travail d’un an, on m’a refusé l’autorisation ? C’est du racisme. Nous sommes européens, comme vous », dit Mircea très remonté. Il poursuit :

« Je sais qu’il n’y a pas de travail pour tout le monde en France, mais de là à expulser tous les étrangers… C’est Sarkozy qui ne veut pas que l’on s’intègre. Avec lui, pas de liberté, pas d’égalité ni de fraternité. »

La volonté de s’insérer en France, les gens du camp nous l’ont manifestée à maintes reprises. Les enfants, scolarisés pour la plupart, sont totalement francophones. « C’est bien l’école, je veux y retourner à la rentrée », lance un marmot du camp qui s’empresse de nous décrire son école. « C’est normal, nous vivons dans une société, nous nous intégrons », dit Mircea.

L’angoisse permanente du démantèlement

Puis nous rencontrons Adriana, qui ne parle que quelques mots de français. Les traits de son visage suffisent pour deviner qu’elle vit dans la peur. Elle a été arrêtée par la police le 12 août 2010. Sans-papiers, comme tous les autres, elle est ressortie avec un arrêté de reconduite à la frontière qu’elle nous tend.

La femme ignorait totalement qu’il existait des associations de défense des sans-papiers. Quand nous le lui apprenons, certains hommes aux alentours nous regardent d’un air méfiant. C’est qu’ils craignent un coup fourré de la préfecture.

Ne sachant pas lire le français, Adriana découvre, le jour de notre visite, que les autorités lui ont donné un mois pour retourner en Roumanie. Sur ses trois enfants, deux ont moins de 6 ans et ne sont pas encore scolarisés, pas plus que son aîné, âgé de 16 ans. Il lui faut rapidement inscrire ses enfants à l’école si elle veut avoir une chance de rester en France.

Adriana est, par ailleurs, toujours sans nouvelle de sa belle-fille, arrêtée elle aussi, mais emmenée au centre de rétention de Saint-Exupéry.

« Il faut savoir tenir vos enfants, mesdames »

Car la peur d’un démantèlement du camp se double de tracasseries policières quotidiennes. Le jour de notre visite, la police se rend rue Paul Bert à cause de la présence de cailloux sur la voie du Rhônexpress [tram-train entre le centre de Lyon et l’aéroport Lyon – Saint-Exupéry, ndlr].

Les deux mains sur la ceinture, un policier lance : « Bonjour, il y a un responsable ici ? ». Mircea s’avance. C’est l’adulte présent qui parle le mieux français. Les enfants sont pointés du doigt. « Il faut savoir tenir vos enfants, mesdames », dit tout haut un deuxième policier à des femmes qui ne comprennent que l’intonation du fonctionnaire.

Au même moment, l’une d’elles part ramasser les quelques cailloux qui traînent sur les rails. Elle fait remarquer par des gestes que le seul chemin d’accès à leur camp était une bute jonchée de pierres qui descend juste au bord des rails. L’incident est vite clos. En repartant, un policier dit à l’un de ses collègues :

« Si on les attrape, c’est les parents qui devront aller les chercher et qui auront des problèmes. »

Expulsions vers la Roumanie vendredi

In Revue de presse on août 19, 2010 at 13:33

Trois vols seront organisés jeudi, vendredi et le 26 août vers la Roumanie pour rapatrier dans leur pays d’origine des Roms en situation irrégulière.

Trois vols seront organisés jeudi, vendredi et le 26 août vers la Roumanie pour rapatrier dans leur pays des Roms en situation illégale en France, a indiqué mercredi 19 août le ministère de l’Intérieur à l’AFP, confirmant des informations de Bucarest.

Ces trois vols sont affrétés par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), auprès d’une compagnie privée, a-t-on ajouté de même source.

Un total de 93 Roms seront rapatriés en Roumanie jeudi depuis la France à bord de deux vols réguliers, la première opération de ce type depuis le durcissement de la politique française à l’égard de cette minorité, a-t-on appris auprès du ministère roumain de l’Intérieur.

Un premier groupe de « 14 personnes en provenance de Paris est attendu à Bucarest aux alentours de 11h30 GMT », a indiqué le ministère. Un deuxième groupe plus important, 79 personnes, arrivera aux alentours de 14h GMT en provenance de Lyon (centre-est), dans un autre aéroport de la capitale roumaine.

Initialement, les autorités roumaines et françaises avaient indiqué que 73 Roms roumains seraient renvoyés dans leur pays.

« Réunion de mise en oeuvre »

Le premier vol, jeudi, partira « d’un aéroport de province », le deuxième sera organisé vendredi pour « une centaine de personnes » et le 3e vol, le 26 août, partira de l’aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy, a indiqué le ministère de l’Intérieur en France.

« Comme chaque semaine » depuis la réunion à l’Elysée du 28 juillet sur cette question, « le cabinet du ministère de l’Intérieur a tenu mercredi une réunion de mise en oeuvre » des opérations d’évacuation des « campements illicites de Roms », a-t-on également affirmé.

Etaient également présents à cette réunion le cabinet d’Eric Besson, ministre de l’Immigration, des représentants de la police nationale, de la gendarmerie nationale, de la police aux frontières, de la préfecture de police et de l’OFII.

« Chacune des personnes éloignées a fait l’objet d’un examen individuel quant aux conditions de son séjour en France », a-t-on précisé.

Situation des Roms

Paris confirme ainsi une information de Bucarest, le secrétaire d’Etat roumain chargé de la réinsertion des Roms, Valentin Mocanu, ayant annoncé un peu plus tôt dans la journée le rapatriement depuis la France de 371 Roms roumains d’ici au 26 août.

Selon Valentin Mocanu, le premier vol doit atterrir à Bucarest, le deuxième, avec à son bord 132 personnes, à Timisoara (ouest) et Bucarest. Les personnes restantes rentreront jeudi prochain.

Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a indiqué mercredi à l’AFP qu’il recevrait « en début de semaine prochaine » Valentin Mocanu et un autre secrétaire d’Etat du ministère intérieur, Dan Valentin Fatuloiu, pour discuter de la situation des Roms.

Cette question provoque des tensions entre Paris et Bucarest, le ministre roumain des Affaires étrangères Teodor Baconschi s’étant déclaré, mercredi également, inquiet des « risques de dérapage populiste » et de « réactions xénophobes » sur la question des Roms en France.

(Nouvelobs.com)